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Thématique
Regards archéologiques sur l’objet technique : point central des interactions humains/milieux ? Qu’est-ce que l’archéologie, si ce n’est une multitude de vestiges au service de l’identification et de la reconstitution des modes de vie, fonctionnements et cultures des sociétés du passé ? Quel regard a-t-on sur la portée technique de ces objets, et que nous apprennent-ils des milieux qui les ont vus naître, et des contraintes et des choix qui les ont façonnés ? Environnements géographiques, variabilité des ressources, stratégies d’exploitation du territoire, choix culturels, contraintes externes et internes sont autant de facteurs qui conditionnent la façon de concevoir et de fabriquer les objets techniques nécessaires aux activités humaines et qui expliquent leur diversité à travers le temps et l’espace. Ce sont à travers ces objets, leurs différences et leur récurrence que nous distinguons autant de « cultures matérielles ». Les objets techniques, c’est-à-dire fabriqués au sens large du terme (outils, édifices, manuscrits, parures, armes…), se retrouvent alors porteurs à la fois de leur fonction, mais également de cette interaction de paramètres internes (choix de société, culture, etc) et externes (type de ressources disponible, par ex), qui conditionne la façon dont ces objets sont conçus et construits. C’est ce que le philosophe des techniques et épistémologue Gilbert Simondon nomme le « milieu associé ». Il propose dans sa thèse de doctorat Du mode d’existence des objets techniques (MEOT,1958), d’aborder les objets techniques de manière inédite et novatrice. La philosophie de Simondon joint le fait culturel et le fait technique en refusant la confrontation Homme/machine, qui consiste à placer l’Homme en haut de la hiérarchie du vivant, et à réduire tout en réduisant la technique à une catégorie d’activités. D'après lui, « l'individu technique » fonctionnerait en harmonie avec « son milieu associé ». L’objet technique ne peut pas fonctionner indépendamment de son environnement ou de son système global. C’est sûr ce point en particulier que nous allons prendre appui pour développer une résonance en archéologie. Afin de comprendre l’objet technique, il faut alors connaître et définir son milieu associé : l'objet technique se trouverait à la convergence de deux milieux, le milieu technique (composé des autres objets techniques préexistants) d'une part, et géographique d'autre part (milieu environnemental anthropisé ou non, localisation, etc.) (cf.schéma ci-dessous). Simondon décrit le milieu associé comme le « médiateur de la relation entre les éléments techniques fabriqués et les éléments naturels au sein desquels fonctionne l’être technique » (MEOT, p : 57). Pour définir l’individu technique, en plus d’appréhender son milieu associé (géographique, technique, voire culturel), nous devons saisir son identité, qui chez Simondon est relative au fonctionnement de l’objet. Une notion que nous pouvons rapprocher de celle de F. Sigaut, 1991 « Un couteau ne sert pas à couper mais en coupant » (p : 10). La pensée de Simondon s’avère être un bon outil pour questionner notre rapport aux objets techniques en archéologie, de la Préhistoire à nos jours. Dans cette journée d’étude, nous nous proposons donc de réinterroger les objets techniques archéologiques « à l’envers » : partir d’eux pour déterminer ce qui a permis et conditionné leur existence. Dans une discipline où l’on doit souvent réfléchir par l’absence, qu’est-ce que les objets techniques peuvent nous apprendre des sociétés du passé, à la fois en eux-mêmes, mais également à travers eux et ce qu’ils disent du « milieu associé » qui les a vu naître ? Cette journée d’étude s’inscrit l’axe de recherche d’ArScAn : « Penser l’archéologie : histoire, épistémologie et méthodologie ». Cette manifestation sera l’occasion de travailler ensemble sur des questions communes autour des artefacts et objets techniques, de façon diachronique et à partir de cas d’études pluriels et variés. Dans le but de favoriser le dialogue, l’accent sera mis sur des temps d’échange avec tous les participants à la journée. Références : Sigaut François, « Un couteau ne sert pas à couper mais en coupant. Structure, fonctionnement et fonction dans l’analyse des objets », In 25 ans d’études technologiques en préhistoire. XIe Rencontres Internationales d’Archéologie et l’Histoire d’Antibes, Juan-les-Pins, éditions APDCA, p. 21-34. Simondon Gilbert, Du Mode d'existence des objets techniques, Aubier-Flammarion, Paris, 2012, 368 pages. (1ère édition Aubier, 1958).
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